Résumé : |
Depuis l’avènement de ce que l’on nomme habituellement « État social actif », l’intervention sociale se transforme radicalement en Belgique. La fonction de contrôle est renforcée, les procédures se bureaucratisent et le domaine d’action des institutions constituant la « main gauche de l’État » est réduit à des territoires sans cesse plus morcelés. À contrario, dans le cadre d’une forme d’euphémisation de la fonction de contrôle, les travailleurs sociaux sont incités à développer une posture « d’accompagnement » qui fait la part belle à « l’autonomie des usagers », au développement de leur « pouvoir d’agir ». La question des solidarités prend un sens tout particulier dans ce cadre : en effet, celles-ci vont finalement dans un sens absolument opposé à l’individualisation et à la territorialisation des politiques sociales, mais elles font pleinement sens dans le développement de l’autonomie et du « pouvoir d’agir » (tant des usagers que des travailleurs sociaux). On observe de la sorte que les solidarités, qui étaient conçues comme un élément problématique par certains auteurs se réclamant de Rawls, se réintroduisent « par la bande » dans les pratiques des travailleurs sociaux et des usagers, notamment au travers de dynamiques collectives autour de « projets de réinsertion ». Ce dossier vise à questionner cette évolution : peut-on y voir un phénomène durable, de nature à annoncer une modification progressive du travail social ? Est-il possible pour un travailleur social de prendre pleinement en compte les nouvelles solidarités et le cas échéant, de quelle manière ? Comment les institutions elles-mêmes peuvent-elles évoluer par rapport à ces dynamiques spécifiques ? Et quelle devrait être l’échelle de cette évolution ? [Présentation de l'éditeur] |